Réintroduire le blaireau en Brabant
Source : Journal LE SOIR
Le blaireau se fait rare dans la vallée de la Dyle. Une association louvaniste mène l'enquête. Les blaireaux wallons sont les bienvenus en Flandre.
On le trouve surtout autour de Nivelles, en Hesbaye limbourgeoise et au sud du sillon Sambre-et-Meuse, des régions dont il apprécie les bois, les vergers et les prairies. Mais le blaireau a pratiquement disparu de la vallée de la Dyle.
La division nature de la Communauté flamande a chargé l'ASBL « Regionaal Landschap Dijleland » de mettre en application un plan de protection dans le sud du Brabant flamand et le long de la frontière linguistique. Objectif : recréer un habitat favorable et favoriser la migration des blaireaux wallons.
Il y a quelques décennies encore, le blaireau était un habitant régulier du Brabant.
Mais dans les années 40, 50 et 60, beaucoup de terriers ont été détruits, raconte Koen Berwaerts, responsable du projet au sein de l'association flamande. C'était un sport pour des clubs bruxellois, avec des chiens. Maintenant, le blaireau est protégé par la loi. Les menaces actuelles sont la circulation automobile et l'agriculture. En Hesbaye limbourgeoise, sur une population de 400 individus, on dénombre chaque année 30 à 40 victimes de la circulation.
Dans la vallée de la Dyle, le trafic ne tue que un à deux blaireaux par an, et on ignore où ils vivent. Après une enquête préliminaire menée en 1996, l'ASBL « Regionaal Landschap Dijleland », basée à Heverlee (Louvain), a donc été chargée de mener un plan de protection triennal qui arrivera à son terme au printemps 2006.
Premier volet du plan : l'inventaire des terriers. Y compris en Brabant wallon, d'où une migration serait possible.
Les recensements sont menés en hiver, quand la végétation ne masque pas les traces. L'hiver dernier, « Regionaal Landschap Dijleland » a visité les communes de Lasne, Wavre, Chaumont-Gistoux, Beauvechain et Incourt. L'association y a relevé une cinquantaine de terriers, tous vides.
L'hiver prochain, j'irai à Villers-la-Ville, Chastre et Mont-Saint-Guibert, explique Koen Berwaerts. C'est une région intéressante parce qu'elle est vallonnée, avec beaucoup de bois, de prés et de vergers.
Je lance d'ailleurs un appel. Les personnes qui remarquent des terriers ou des blaireaux victimes de la circulation sont invitées à me le signaler (1).
Autre axe : la sensibilisation des agriculteurs et des chasseurs, ainsi que le rétablissement de l'habitat des blaireaux.
Au sud de la frontière linguistique, « Regionaal Landschap Dijleland » prendra prochainement contact avec des intermédiaires tels que l'association Faune et biotopes, qui assure la promotion des mesures agri-environnementales (primes européennes) auprès des agriculteurs, ainsi que le conseil cynégétique de la Dyle et de l'Orneau.
Pourquoi réintroduire le blaireau ? C'est un symbole, répond Koen Berwaerts. Quand il y a des blaireaux quelque part, cela signifie que le paysage est diversifié, ce qui est bon pour d'autres animaux également. C'est aussi l'opportunité de collaborer avec les agriculteurs, les chasseurs, les pouvoirs publics et les associations. Ces liens seront utiles dans le futur, quand il s'agira de protéger d'autres espèces, comme les oiseaux des champs ou le hamster.
(1) Mail :
koen.berwaerts@rld.be. Tél. : 016.40.85.58.
Une dizaine de terriers autour de Nivelles
La périphérie de Nivelles est le seul endroit en Brabant wallon où l'on trouve encore des blaireaux. En l'occurrence une bonne dizaine de terriers.
La statistique émane du groupe de travail « blaireau » de l'association environnementale Aves-Natagora, qui avait fait parler de lui en 2000 en tirant la sonnette d'alarme.
À l'époque, il n'y avait plus que quatre terriers occupés, raconte Roland de Schaetzen, responsable du groupe de travail.
Un terrier venait d'être comblé, et un autre piégé. Cela ne pouvait plus continuer, la population allait disparaître.
Nous avons lancé une campagne de sensibilisation. Qui a atteint son objectif, puisque, depuis, on n'a plus constaté de menace directe.
Régulièrement, l'association surveille les terriers. Elle essaye aussi de rencontrer chasseurs et agriculteurs pour les encourager à planter des haies, préserver les zones humides ou limiter les déversements au bord des routes.
Il serait encore un peu utopique de croire que les agriculteurs sont sensibilisés, reconnaît Roland de Schaetzen.
Mais nous obtenons des résultats. Il y a quatre ans, on a fait rectifier le tracé de la route Monstreux-Arquennes pour le rendre moins rectiligne.
Cette route se situe à proximité des terriers. Ainsi, les automobilistes ne savent plus rouler vite.
Aves-Natagora est un des partenaires de « Regionaal Landschap Dijleland » pour son plan de protection, à côté d'Action environnement Beauvechain, la Petite Jauce, les Amis du parc de la Dyle, le contrat de rivière de la Dyle ou encore l'UCL.
Nous leur fournissons des données, on organise l'inventaire ensemble et on leur donne des noms de personnes susceptibles de les aider, explique Roland de Schaetzen.
Puis ce sont eux qui réalisent la cartographie. Ils ont les moyens. Ce sont des professionnels.
D. D.
Repères
« Regionaal landschap. » Littéralement : « paysage régional ». Association locale chargée d'organiser la concertation autour de la protection de l'environnement, à la manière de nos contrats de rivière.
Le blaireau. Mammifère carnivore de la taille d'un gros chat (85 cm, 12 kilos). Son pelage est noir et blanc. Ses pattes courtes et puissantes, garnies de longues griffes, lui servent à creuser le sol. Sa vue est faible, au contraire de son ouïe et de son odorat.
Son terrier. Les blaireaux vivent en groupe dans des terriers. Comme le renard, le blaireau aménage plusieurs entrées, devant lesquelles il laisse un tas de terre. Mais l'empreinte de sa patte est plus large que celle du renard.
DANIEL DELLISSE - mercredi 31.08.2005
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Sujet: Les blaireaux vont mieux 
